L’histoire de la production céramique de Desvres est exceptionnelle par sa longévité.
Elle est ininterrompue depuis le néolithique jusqu’à nos jours et concerne successivement tous les produits céramiques : poterie, terre cuite vernissée, faïence stannifère, faïence fine, grès et porcelaine.
Dans le domaine de la faïence, un solide savoir-faire s’est développé depuis l’établissement de la première manufacture en 1765. Le maintien et le développement de ce savoir-faire, au cours des 19e et 20e siècles, ont donné lieu à une véritable tradition, gage de qualité et d’expertise. Le nom de Desvres est ainsi indissociable de l’art céramique.
Si cette tradition est reconnue, et si elle subsiste, elle le doit à la transmission pratiquée dès le début de son histoire : transmission des formes, des décors, des outils, des gestes, de la passion – mais aussi des archives, du patrimoine technique et des objets produits.
Totale ou partielle, directe ou détournée, sereine ou mouvementée, la transmission entendue ici au sens large s’opère d’une génération à une autre, au sein d’une même société ; d’une société à une autre, dans un contexte d’opportunité économique ; des sociétés elles-mêmes au musée, dans le souci de la sauvegarde du patrimoine et de la mémoire locale.
Le musée vous invite aujourd’hui à partager un regard porté sur les faïenceries d’hier et d’aujourd’hui, à la lumière d’une sélection d’archives. Indispensables à l’étude et à la recherche, les archives éclairent les choix de production autant que les situations et les difficultés des faïenciers et de leurs ouvriers. Elles offrent des noms et des visages à une histoire riche et complexe qui, grâce à elles, s’incarne et nous touche davantage.
La sélection proposée ici ne prétend pas refléter fidèlement cette histoire, mais plutôt l’état actuel du fonds du musée, avec ses manques et ses déséquilibres. La poursuite de son enrichissement suppose, en parallèle, le lancement d’une vaste campagne de numérisation. Car si la numérisation favorise l’accessibilité des documents, elle permet de conserver sans nécessairement acquérir ni stocker. Or il est nécessaire d’agir : la disparition d’archives condamne à l’oubli une histoire qu’il faut connaître et comprendre pour regarder vers l’avenir.